Ah, l’amour ! Si tout le monde en rêve, combien en font l’expérience ? Le fait est que l’Amour a la réputation d’être dangereux. Freud, par ailleurs, grand misogyne à l’instar de la plupart des hommes de son temps le jugeait ainsi. “Nous ne sommes jamais aussi peu protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons”, affirmait-il. En France, la chanson “les histoires d’amour finissent mal en général” des Rita Mitsouko connu un succès à la hauteur de la puissance de cette croyance. La fascination populaire pour les histoires d’amour tragiques est, de plus, une constante. La célébrité de Romeo et Juliette le prouve. On pourrait, ainsi, supposer la recherche de l’amour en perte de vitesse à l’heure de la consommation sexuelle effrénée. Pourtant, une enquête montre que 94% des Américains croient au véritable amour. Pour leur part, les scientifiques cherchent toujours à définir ce qu’est l’amour.
L’amour est notre nature physique et émotionnelle
Evidemment, l’amour existe. Nous le savons car nous en faisons l’expérience dans une relation de couple et dans la relation aux proches, aux enfants. Cependant, l’Amour est bien plus que ce que l’on croit car il constitue notre nature aussi bien physique qu’émotionnelle. Aussi, sommes-nous des êtres d’amour. L’amour, c’est le Soi, l’être émotionnel qui s’incarne, et la substance, aussi, de ce corps qui nous donne forme. Dès lors, posséder l’amour, c’est se posséder soi-même et se libérer des manques (de Soi) qui empêchent l’expression pleine et entière de l’être. Ainsi, toute atteinte à la présence énergétique (émotions) ou aux lois de l’Amour (sens) nous heurte profondément. Car l’amour n’est pas qu’un ressenti d’une beauté extraordinaire. C’est aussi un ensemble de propriétés que nous désirons posséder et que nous défendons, à juste titre, comme le plus précieux des trésors.
Cette affirmation que j’avance, nous pouvons en vérifier la pertinence si nous prêtons attention aux énergies émotionnelles qui nous animent. Sont-elles joie ou frustration, sérénité ou violence ? Ce faisant, elles nous révèlent l’état de l’être d’amour qui est Soi. Car, bien sûr, toutes les émotions, absolument toutes, naissent de l’Amour, des plus constructrices aux plus destructrices. Ainsi, la haine, la plus dévastatrice des émotions, exprime-t-elle la douleur extrême d’avoir été dépossédé.e de l’Amour de Soi dans des proportions cataclysmiques. Car l’Amour est l’absolu universel, la loi du Tout et de ses parties. Son absence est une catastrophe qui engendre la laideur, le chaos et l’absurdité. Autrement dit, si on s’aime, on aime aussi les autres, et on construit une vie riche et harmonieuse. Par contre, si on se hait, on hait aussi les autres, et on s’appauvrit et se restreint par l’expression de la souffrance.
L’ignorance de la vérité de l’amour
Souvent, ce qui ne tourne pas rond dans notre approche de l’amour, c’est l’idée erronée de ce qu’il est et signifie. Nous croyons que l’amour se trouve en dehors de nous, en quelqu’un d’autre, si bien que cette autre personne serait dépositaire de notre bien-être. Dès lors, nous vivons dans l’angoisse du rejet et de la perte de cet essentiel. Et nous lui en voulons terriblement si jamais elle reprend une liberté qui n’aurait jamais due être aliénée par une promesse incongrue. Car qui peut promettre d’aimer toujours et à n’importe quel prix ? D’ailleurs, continuer à vouloir aimer l’autre à ses propres dépends est une posture désastreuse qui aboutit au ressentiment, voire à la haine.
Loin de résider en quelqu’un d’autre, l’Amour se trouve en Soi, comme je le disais, car nous sommes des êtres d’amour. C’est donc bien là, dans le silence de l’intériorité qu’il faut le chercher et souvent le reconstruire pour pouvoir le vivre. Car, si nous le possédons en totalité à la naissance, nous sommes contraint.e.s d’en abandonner une partie pendant l’enfance. Nous touchons ici du doigt la distorsion de valeurs qui vérole, à des degrés divers, toutes les sociétés dites modernes. Elle se traduit par l’idée que l’enfant est une matière brute, animale, qui doit être humanisée par la culture imposée. En d’autres termes, la nature qui prend racine dans la femme-mère, n’a pas de valeur. Pire, le Féminin est réputé mauvais, inférieur par l’idéologie culturelle patriarcale. En conséquence, l’enfant doit être lavé de cette tache originelle, fusse au prix d’une violence extrême.
La structure de l’amour
Mais qu’est-ce donc que l’Amour ? Je le définis comme la substance universelle, la brique élémentaire de tout ce qui existe dans le (les) univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Cela signifie que l’Amour est le matériau ultime, l’énergie à l’origine de l’univers de réalité dans lequel nous évoluons. Ses propriétés sont multiples et extraordinaires. Car l’Amour est aussi pensée universelle, source de tous les sens, et il nous construit selon deux phases : l’une, affective ou émotionnelle, et l’autre, physique ou matérielle.
J’ai illustré ici la structure émotionnelle qui est la partie invisible de chaque être humain. Sa substance est l’amour, tant que les peurs imposées par l’idéologie patriarcale n’en rongent pas une partie. De plus, elle construit et contient le corps, lui donne vie, et propage l’onde émotionnelle. Si le sentiment est accepté par l’esprit, alors les sens de l’amour sont transmis au cerveau. Ce dernier active alors ses processus intellectuels en fonction de ces sens, initiant la pensée.
Il apparaît également que cette strucure est le Féminin de chaque personne, alors que le corps en est le Masculin.
La structure, appelée enveloppe émotionnelle, contient 4 propriétés principales. Quand elles sont actives – ressenties et exprimées – elles génèrent une expérience de réalité conforme à la beauté parfaite de l’Amour : harmonieuse et épanouissante.
Les propriétés de l’Amour
On distingue la compassion, la conscience de l’unité, le projet de l’être et l’intégrité de l’être. Chacune produit une émotion particulière qui dépose un sens particulier au niveau du cerveau.
- La compassion, issue de l’Amour pur, inconditionnel. Elle fait voir la beauté de tout être, toute chose, la magnificence du monde, de la nature, des vivants et des non-vivants. Elle donne la capacité d’admirer la perfection de la création universelle, la sienne et celle des autres. Le désir de la protéger et l’envie de vivre et de participer à l’expérience de la vie en mouvement vers le but ultime : l’expérience de l’Amour inconditionnel et universel.
- Son ressenti puissant transcende les limitations physiques. Il met en connexion avec les lois de l’Amour, la vérité unique. Par conséquent, les distorsions dues aux non-sens de l’anti-amour propagés par le patriarcat sont identifiés avec une clairvoyance extrême. Le désir de protéger la vie et la beauté des êtres et des choses est puissamment activée.
- La compassion ressentie pleinement dépose le sens premier de l’Amour : la conscience de l’unité humaine et universelle. Dans ce contexte d’où la peur de la séparation est aboli, le désir d’exister dans l’expérience physique est total. Il libère la détermination d’exprimer le meilleur de soi, selon le plan défini de chaque incarnation (destinée). Afin d’accomplir ce projet, le désir de sauvegarder l’intégrité émotionnelle et physique se réalise par l’affirmation des limites définissant le respect de soi et des autres (justice).
L’amputation émotionnelle des enfants
Les propriétés de l’amour sont maintenues actives par l’expression émotionnelle et par l’affirmation verbale. Elles disparaissent du fait de l’interdiction de les montrer et de les revendiquer. Le processus d’amputation émotionnelle des enfants est globalement répandu dans la presque totalité des sociétés humaines, sauf exception. Cependant, l’intensité de son exigence varie beaucoup, en fonction de l’intensité de la haine patriarcale locale à l’égard du Féminin.
Ce broyage d’une partie de l’amour en soi est opéré par les proches. Le père patriarcal, celui qui croit en l’idéologie patriarcale, est, plus particulièrement, dépositaire de cette mission. Celle-ci est menée avec le consentement passif ou actif de la mère, de la famille et de la communauté entière. Evidemment, le père patriarcal est convaincu du bien-fondé de sa démarche car lui-même a été contaminé par cette idéologie au jeune âge. Il croit que le Féminin est mauvais, et qu’il importe de l’extirper de son fils et de l’écraser chez sa fille. Aussi, les garçons sont-ils enjoints de taire l’expression de leur sensibilité, alors que les filles doivent faire profil bas.
Les manques et le besoin
Pourquoi cédons-nous ? Mais parce que nous sommes des êtres d’amour, nous désirons, sinon être aimé.e.s, du moins être accepté.e.s par nos proches. Du coup, nous nous soumettons aux conditions de cette acceptation qui diffèrent selon qu’on est un garçon ou une fille. Cette évidage d’une part du Soi empêche l’éclosion du pouvoir des mères, expertes du Féminin et chargées de l’exprimer. Les garçons sont donc enjoints d’inhiber l’expression de leur sensibilité, en particulier, la compassion qui s’exprime par les larmes de l’Amour. Les filles, quant à elles, sont enjointes de s’effacer, au motif du soupçon de nuisance que le patriarcat associe à leur pouvoir émotionnel. La colère et l’affirmation de leur personnalité leur sont interdites.
Les pertes d’Amour de Soi sont imposés aux enfants par la menace de la violence du père patriarcal qui s’autorise à punir ce qu’il estime mauvais. Le mépris, la menace du rejet, les injures, les brimades, la culpabilisation et la honte sont utilisés pour décourager l’enfant qui contrevient aux injonctions patriarcales. L’enfant comprend assez vite que s’il ou elle ne plie pas, il sera rejeté par ses proches. Ce rejet pourra prendre la forme d’une réprobation assumée, d’un mécontentement larvé, d’une agressivité rampante. Il pourra se muer en banissement, comme c’est le cas pour les homosexuels dans de nombreux pays. Le dernier degré de violence, extrême, peut aussi être atteint, à savoir la mise à mort. Elle est appliquée aux filles refusant le diktat idéologique dans certains pays tels la Jordanie ou la Turquie.
On ne peut échapper à la vérité
Une fois acceptées par les enfants, les peurs patriarcales créent des vides dans la substance d’Amour des enveloppes émotionnelles. Il en résulte des manques qui poussent à rechercher au dehors des compensations qui ne sont que des leurres. Citons, l’adrénaline, le plaisir à tout crin, les paradis artificiels, la folie destructrice de l’ego, la domination et la vampirisation des autres. Tous ces comportements nocifs ne comblent pas les besoins de Soi qui tourmentent les personnes. Ils ne font que les accentuer. Car l’action est aussi une expression de l’être porteuse de sens. Quand elle exprime la peur/haine de soi et des autres, elle enregistre de nouveaux vides dans l’enveloppe émotionnelle.
Quoi que nous fassions, nous sommes pourtant des êtres d’amour. Nous ne pouvons échapper à la reconnaissance de cet état qui est notre idéal et notre vérité. Malheureusement, cette évidence est réfutée par les directeurs de la pensée officielle de ce temps. Ils préfèrent, coûte que coûte, s’accrocher au modèle patriarcal d’une existence humaine limitée à la matière du corps. Or, ignorer ce qui apparaît comme la Loi du vivant est la raison pour laquelle l’humanité ravage la planète. Le moment de revoir concepts et idéologie semble venu !